Alzheimer : vers un traitement pour améliorer le vieillissement cognitif des patients

Santé

Pathologie neurodégénérative touchant plus d’un million de Français, le fardeau sanitaire de la maladie d’Alzheimer s’aggrave. Marc Dhenain, directeur de recherche CNRS, a réussi à inverser les symptômes de cette maladie chez la souris grâce à une mutation génétique particulière, présente presque uniquement en Islande. 

Responsable de troubles cognitifs et mémoriels, la maladie d’Alzheimer touche particulièrement les parties âgées de la population. En France, plus d’un million de personnes en sont atteintes. Si à l’heure actuelle aucun traitement n’existe, Marc Dhenain, directeur de recherche CNRS au Laboratoire de maladies neurodégénératives : mécanismes, thérapies, imagerie1 , étudie un moyen particulier pour non seulement inverser durablement les symptômes de la maladie d’Alzheimer, mais également améliorer le vieillissement cognitif. Il mène ses travaux avec le soutien de la Fondation Recherche Alzheimer, et en lien étroit avec Alain Buisson, professeur à l’Université Grenoble Alpes à l’Institut des neurosciences de Grenoble2 .

L’une des étapes clés observées lors de la maladie d’Alzheimer est l’accumulation d’amyloïde bêta dans les neurones. Lorsqu’elle est en surnombre, cette protéine s’assemble et adopte une forme délétère, forçant les protéines saines à adopter également cette forme. Les protéines transformées vont à leur tour forcer d’autres protéines à adopter cette forme. Marc Dhenain a préalablement montré qu’il était possible de transmettre la maladie d’Alzheimer à une souris saine en lui transférant ne serait-ce qu’une très petite quantité d’amyloïde issue d’une souris malade. Ce fonctionnement en cascade est extrêmement similaire au fonctionnement de maladies à prions, comme la vache folle.

C’est la compréhension de ce mode d’action qui a mis les chercheurs sur la voie d’un futur traitement, basé sur des observations dans la population islandaise d’une mutation protectrice de l’amyloïde bêta. Le chercheur a montré que l’injection de cette protéine mutée dans le cerveau de souris atteintes d’Alzheimer permettait d’inverser sur plusieurs mois les symptômes de la maladie, et ce même en quantité très faible. Challengeant les hypothèses actuelles sur le mode d’action de l’amyloïde bêta, les chercheurs théorisent que la forme islandaise agit comme un prion. Elle forcerait d’autres protéines à adopter sa forme, fonctionnant également en cascade, expliquant ainsi son effet durable et son action à très faible dose injectée.

« Nous ne sommes pas encore certains que la forme islandaise fonctionne comme un prion, mais elle est très efficace. Nous voulons dans un premier temps créer une thérapie, et ensuite nous mènerons les travaux exploratoires pour expliquer les mécanismes à l’œuvre. » détaille Marc Dhenain. Dans cet objectif, le chercheur encadre des travaux commencés en janvier 2025, dont l’objectif est de créer un traitement qui ait un effet sur l’ensemble du cerveau humain grâce à ces résultats.

Avec optimisme, le chercheur pense que nous vivons « une période incroyable en neurosciences, car on développe de plus en plus de thérapies pour traiter des maladies du cerveau, alors que c’était inenvisageable il y a 20 ans. » L’ambition des travaux menés par Marc Dhenain est de déboucher à un traitement, basé sur cette mutation islandaise, qui permettra d’améliorer le vieillissement cognitif et de lutter efficacement contre la maladie d’Alzheimer.

  • 1LMN (CEA/CNRS/Université Paris-Saclay) à Fontenay aux Roses (92)
  • 2GIN (CEA/CNRS/Inserm/Université Grenoble Alpes) à La Tronche (38)