Des microsphères biodégradables pour la délivrance ciblée de médicaments

Santé

Une équipe de l'Institut Galien Paris-Saclay (IGPS - CNRS/Université Paris-Saclay), en collaboration avec la société Occlugel, a développé des microsphères polymères éliminables rapidement par les voies naturelles et permettant une délivrance locale et prolongée d'anti-douleurs et d'antibiotiques. 

Depuis plusieurs années, l’Institut Galien Paris-Saclay travaille sur la création de particules à visée thérapeutique, a ainsi développé des microsphères en polymère, dégradables dans le corps en quelques jours, qui peuvent délivrer progressivement et de manière ciblée un médicament durant plusieurs jours. 

Les microsphères dégradables ont d'abord été mises au point pour être utilisées dans les domaines de l’embolisation et de la chimio-embolisation1 . Après cette première étape et en vue d’autres indications, les équipes ont continué de développer les potentiels de ces microsphères, prometteuses en raison de leur biodégradabilité, de leur capacité à charger des principes actifs et de leur absence de réaction inflammatoire. En collaboration avec des médecins, deux applications de vectorisation de médicaments ont été visées, pour administrer par injection locale des antidouleurs et des antibiotiques à des patients ayant subi une intervention chirurgicale. Deux brevets ont été déposés2 .

Ce type de technologie permet la délivrance d’un traitement médicamenteux ciblée pendant et après l'opération, via des microsphères dégradables chargées d'un principe actif directement injectées et/ou déposées au plus près de la zone d’intérêt thérapeutique par les cliniciens. La libération du principe actif est ajustable (jours/semaines) tout comme la dose chargée et sa courbe de libération.  

L’observance du traitement médicamenteux est ainsi sécurisée, pour le praticien comme pour le patient. Ce mode de traitement devrait permettre une augmentation du nombre d’interventions en ambulatoire, une diminution sensible du nombre de prescriptions en post opératoire et contribuer à réduire le nombre de médicaments non utilisés dans les boîtes à pharmacie familiales.

image
© DR

« La composition chimique de base des microsphères reste la même, mais la formulation est adaptée pour chaque principe actif afin de garantir son chargement et sa courbe de libération », indique Laurence Moine, chercheuse CNRS à l'Institut Galien Paris-Saclay. Plusieurs procédés de production industrielle avec un haut rendement ont également été mis au point afin de garantir les montées en échelle. 

Les études précliniques sur les antidouleurs et les antibiotiques seront prochainement achevées et les résultats intermédiaires sont prometteurs. La société Occlugel est actuellement en discussion avec des fonds d'investissements et des partenaires potentiels pour entamer les développements cliniques, la production et la distribution de ces technologies. De son côté, Laurence Moine, qui appartient au comité scientifique d'Occlugel, poursuit ses recherches sur des particules à vocation thérapeutique, en travaillant notamment sur des nanoparticules destinées à des traitements par voie pulmonaire.

  • 1L’embolisation est destinée à boucher sélectivement des vaisseaux sanguins afin de stopper une hémorragie ou de ralentir la croissance de certaines tumeurs. La chimio-embolisation associe un traitement médicamenteux (une chimiothérapie) à un blocage du sang qui alimente la tumeur (une embolisation).
  • 2Brevets WO2022008100A1 « Hydrophilic degradable microspheres for delivering buprenorphine », en copropriété Occlugel/CNRS/Université Paris Saclay, publié le 12 janvier 2022 et WO2022008624A1 “Hydrophilic degradable microspheres for local delivering of glycopeptide antibiotics and polycationic peptide antibiotics”, en copropriété Occlugel/CNRS/Université Paris Saclay, publié le 13 janvier 2022.

Retrouver l'actualité sur la Lettre innovation du CNRS