Des mutations contribuant à l’évolution de deux organes copulateurs : du nouveau sur la spéciation des drosophiles

Résultat scientifique Vivant

Les parties génitales mâles évoluent très vite chez les animaux. L'analyse de cette évolution est cruciale pour comprendre le phénomène de spéciation. Or, les gènes impliqués dans les différences génitales entre espèces sont mal connus. Un travail publié dans la revue Current Biology et issu d’une collaboration entre le CNRS, l’Institut Jacques Monod, le Muséum de Paris, le laboratoire EGCE de Gif-sur-Yvette et deux équipes aux Etats-Unis, constitue une première avancée chez les drosophiles. La mutation d'une seule lettre de l'ADN contribue à la fois à la perte d'organes sensoriels sous le phallus et à l'augmentation de taille d'un peigne sexuel localisé sur les pattes. C'est la première fois qu'on observe que l'évolution entre espèces de deux organes peut avoir lieu via une seule mutation.

Le modèle drosophile avec près de 4000 espèces décrites est sans doute l’un des mieux adaptés à l’étude des mécanismes de la spéciation. Depuis longtemps les taxinomistes ont étudié la morphologie pour définir les espèces et il est apparu au cours du 20ème siècle que la morphologie des parties génitales mâles était importante car elle évolue très vite et permet souvent de distinguer les espèces proches. Les drosophiles n’échappent pas à cette règle. Depuis plusieurs décennies, l’évolution morphologique a commencé à être décryptée par la génétique du développement (Evo-Dévo) mais pratiquement aucune recherche jusqu’à présent n’avait été consacrée aux parties génitales. Trois équipes françaises, de l’Institut Jacques Monod, du Muséum de Paris et du laboratoire EGCE de Gif-sur-Yvette, ainsi que deux équipes américaines ont décidé de se pencher sur la question en examinant deux espèces proches de drosophile vivant à Sao Tomé.