Réduction des émissions des différents gaz à effet de serre : quelle stratégie adopter ?

Résultat scientifique Terre et environnement

En 2015, les Etats réunis à l’occasion de la vingt-et-unième Conférence des parties s’engageaient à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre afin de limiter le réchauffement climatique global à 2°C au-dessus des valeurs pré́-industrielles. Les gaz à effet de serre ayant des durées de vie et des impacts radiatifs très différents, on utilise un système de conversion des gaz en équivalent CO2 afin de les comparer entre eux et permettre la meilleure stratégie de réduction des émissions.

Il n’est pas évident de décider du facteur de conversion à utiliser. En effet, selon le facteur choisi, les priorités de réductions des émissions ne sont pas les mêmes, ce qui oriente nécessairement les investissements. Alors que la convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique (CCNUCC) envisage de définir une valeur de référence pour effectuer ces conversions, une étude récente montre qu’il serait au contraire économiquement profitable de réévaluer périodiquement les facteurs de conversion selon la trajectoire de réchauffement climatique suivie. Les chercheurs à l’origine de cette publication ont effectué des simulations afin de déterminer les facteurs de conversion les plus avantageux en fonction des différents scénarios climatiques envisagés pour le futur.

Leur travail montre que le maintien d’un unique facteur de conversion risque d’engendrer des coûts d’atténuation supplémentaires qui pourraient être évités en changeant dynamiquement les facteurs de conversion en fonction de la trajectoire empruntée. Ces coûts supplémentaires sont estimés à 2% dans un scénario idéal de stabilisation, mais à presque 5% dans un des scénarios de dépassement où la température de la planète excède l’objectif avant de redescendre. Les chercheurs proposent des combinaisons simples et réalistes de facteurs optimaux de conversion pour les différentes trajectoires de réchauffement possibles.

Plusieurs trajectoires possibles de changement de la température global de la planète (en °C) pour les 21e et 22e siècles. La courbe verte correspond à une stabilisation du réchauffement à 2°C sans dépassement de l’objectif. Les courbes bleues et vertes correspondent à une stabilisation à 2°C et à 1,5°C mais avec des dépassements de l’objectif plus ou moins longs.
Séquences temporelles des facteurs de conversion choisis les plus avantageux parmi les pouvoirs de réchauffement global à 20, 50 et 100 ans (GWP20, GWP50 et GWP100) selon la trajectoire de réchauffement suivie. Toutes les séquences commencent avec le GWP100 (qui est le facteur de conversion actuellement utilisé) mais d’autres facteurs deviennent plus avantageux plus tard.

En savoir plus

Cost-effective implementation of the Paris Agreement using flexible greenhouse gas metrics – Science Advances (2021)

K. Tanaka, O. Boucher, P. Ciais, D. J. A. Johansson et J. Morfeldt

https://doi.org/10.1126/sciadv.abf9020

Contact :

Katsumasa Tanaka, chercheuse au Laboratoire des Sciences du Climat et de l'Environnement - LSCE/IPSL (CNRS/CEA/UVSQ)