Une formulation de vitamine C qui favorise la régénération de la peau

Innovation

Des chercheurs de l’Institut des sciences moléculaires d’Orsay - ISMO (CNRS/Univ. Paris-Saclay) et de l’Institut Galien Paris-Saclay - IGPS (CNRS/Univ. Paris-Saclay) ont synthétisé un dérivé de la vitamine C qui est capable de franchir la barrière cutanée. Les premiers essais ont montré une action très positive sur l'épaisseur de l'épiderme, sur la production de collagène, et sur plusieurs facteurs contrôlant la qualité de la peau.

Cet article est paru dans CNRS La lettre innovation de mars 2021, rubrique "Brevets et licences".

L'action bénéfique de la vitamine C sur la régénération de la peau est un phénomène bien connu. Mais son utilisation pratique, en particulier dans des produits cosmétiques antivieillissement, bute sur un obstacle rédhibitoire : la vitamine C est très rapidement oxydée et ne franchit pas la barrière cutanée. Des chercheurs de l’Institut des sciences moléculaires d’Orsay et de l’Institut Galien Paris-Saclay, en collaboration avec le laboratoire Ingénierie et plateformes au service de l’innovation thérapeutique - IPSIT1 , ont mis au point une stratégie qui permet de lever cet obstacle2 . Elle consiste à réaliser un couplage chimique de la vitamine C avec un composé lipidique naturellement présent dans la peau : le squalène.

"Le bioconjugué3 obtenu, introduit dans une formulation sous forme de crème, a été appliqué durant dix jours sur des explants de peau humaine, avec le laboratoire Bio-EC", indique Patrick Couvreur, professeur à l’Institut Galien Paris-Saclay. À titre comparatif, les mêmes tests ont été réalisés avec la vitamine C seule et avec d'autres de ses dérivés. Les résultats4 observés sont très significatifs. Le traitement par le nouveau bioconjugué entraîne un épaississement important de l'épiderme. Il favorise aussi la production de collagène, une protéine qui joue un rôle clé dans l'élasticité de la peau et dont la présence diminue avec l'âge. Enfin, le traitement a également une action positive sur l'expression de gènes qui contribuent à la résistance, à la traction et à la souplesse de la peau, ou qui sont impliqués dans la biosynthèse de l'acide hyaluronique, facteur d'hydratation cutanée.

Le bioconjugué vitamine C-squalène, breveté, a fait l'objet d'une licence auprès d'une start-up américaine, Squal Pharma, dont Patrick Couvreur est l'un des cofondateurs. L'entreprise développe plusieurs bioconjugués du squalène pour la dermatologie, l'oncologie, et le traitement de la douleur.

  • 1Université Paris Saclay/Inserm/CNRS
  • 2Ces travaux ont été réalisés dans le cadre de l’ERC Advanced Grant Ternanomed.
  • 3La bioconjugaison est une stratégie chimique pour former un lien covalent stable entre deux molécules, dont au moins une est une biomolécule
  • 4Publiés le 9 Octobre 2020 dans "Scientific Reports "

Références :
Vitamin C–squalene bioconjugate promotes epidermal thickening and collagen production in human skin.
R. Gref, C. Deloménie, A. Maksimenko, E. Gouadon, G. Percoco, E. Lati, D. Desmaële, F. Zouhiri & P. Couvreur.
Scientific Reports publié le 9 octobre 2020.

Contacts :

Patrick Couvreur, Professeur Université Paris-Saclay à l'Institut Galien Paris-Saclay

Ruxandra Gref, Directrice de recherche CNRS à l'Institut des sciences moléculaires d’Orsay, médaille d'argent 2019 du CNRS